J'aime bien ce que fait Florent Marchet depuis un bon moment. Surtout pour la passion qu'il y met. Surtout pour ce qu'il ne dit pas.
Le 11 octobre 2010 sort l'album Courchevel. Pourvu qu'on y retrouve tout.
Florent Marchet, à voir les pochettes de ses albums, c'est un gars qui parle de pas grand-chose, et surtout le pas grand-chose qui n'intéresse pas, qu'on ne fait que traverser parce qu'on va toujours plus loin. Il sent la Beauce et le Berry, quand on quitte Paris pour l'Atlantique ou la Méditerranée, c'est à dire le plus chiant du voyage.
Il n'est pas provocateur, engagé c'est trop encore, même si mine de rien, il met le doigt sur des plaies. Ça les réveille, ça gêne, mais ça n'empêche pas de dormir pour autant.
Il décrit des ambiances de villes qui ne sont que de gros villages, de préférence sans ambition, un peu trop loin pour être attirants, ou trop près pour se permettre un vrai développement.
Il décrit des gens qui sont ce que nous sommes, passés à côté de leurs ambitions. 20 ans après, ça couve encore les « j'aurais pu devenir » , mais ça n'est rien devenu. Et sur scène, il se déhanche comme le premier des yéyés.
Ça pourrait être ridicule, ce frêle physique, cette petite chanson, mais l'énergie qu'il dépense, ce sont toutes nos ambitions qui couvent encore, comme lorsqu'on se réfugie à la cave et qu'on rejoue, bien à l'abri des autres, cachés de la honte, la bataille dont on ressort toujours héros.
Analytique ? Émouvant ? Vaincu ? Ironique ? Acide ? Amer ? On ressort gênés de l'écoute de ses albums, parce qu'en plus, c'est si bien écrit que les choses ne sont jamais si blanches ou si noires. Derrière les mots, il n'oublie pas qu'il faut laisser de la place. Il sait que ceux qui écoutent remplissent les blancs, avec leur expérience, leurs mensonges, leur imagination.
Pourvu que ce Courchevel, après Gargilesse et Rio Baril, soit aussi vaste que ceux-là. Et puise à Frère Animal sa mélancolie vindicative.
Puis le Teaser de Frère Animal ( http://www.myspace.com/frereanimal) spectacle concept incroyable écrit avec l'écrivain Arnaud Cathrine, que je connaissais principalement pour ses œuvres jeunesse, avec Valérie Leulliot, ancienne chanteuse d'Autour de Lucie et Nicolas Martel, homme à tout faire indispensable, partout sur toutes la scène française. Quelque chose me dit que cette vidéo a été tournée à Allonnes. En tout cas, ce que nous avons vu ressemblait étrangement à ça, sur la scène.