Le dernier Thiéfaine vient de sortir. C'est toujours quelque chose, Thiéfaine. Même si ce n'est plus la même. Beaucoup apprécieront le soin porté aux arrangements. Je vois des symboles, plutôt.
D'abord, le bonhomme, on le dit, est passé par la dépression, suite à des problèmes physiques lors de la dernière tournée.
Cet album est comme un renouveau, une thérapie. Ce n'est pas nouveau pour lui, sa carrière est jalonnée d'album de transitions.
Sa chanson titre, « Ruelle des Morts » , parle des lieux de son enfance, comme le faisait quelques années plus tôt « Ville Natale et Frenchitude » , dans un « Chronique Bluesymentale » qui prenait déjà à rebrousse-poil tout ce qu'il avait chanté jusqu'alors (drogue, aventure, individualisme...). « Ruelle » ajuste un vocabulaire assagi, policé, précis et mélancolique, là où « Ville natale » était encore bravache, avec des images dures, absconses, viriles. « Ville natale » était le dernier morceau d'un album très neuf dans sa discographie. « Ruelle » introduit un album et un ton feutrés.
Si j'aime encore Thiéfaine, ou plutôt si j'aime à nouveau Thiéfaine, c'est que, de « Chroniques Bluesymentales » à « Scandale mélancolique » , ma période sans lui, j'ai fait le deuil du poète maudit-icône rock-incontrôlable et rejeté des médias, pour découvrir le simple chanteur aux paroles ciselées parfaitement ajustées à leurs mélodies efficaces.
C'est tout. Et c'est déjà énorme, car il possède toujours beaucoup plus de talent que bien d'autres.
Et pas des moindres, Le Monsieur a fait appel à celle que je trouve être, et ça se confirme, la meilleure arrangeuse du moment, puisqu'elle a transformé en or Kaolin ou La Grande Sophie, par exemple, Edith Fambuena, ex-chanteuse et compositrice des Valentins. Mais rien que ça, ça vaut un article.